Bernabéu se prépare au choc des titans

Interrogé sur son retour dans ce lieu chargé d'histoire, l'entraîneur du FC Bayern München, Louis van Gaal, a révélé que c'était "un honneur de revenir" à Santiago Bernabéu.

Ce temple du football est l'endroit rêvé pour une finale de l'UEFA Champions League. Il a connu trois fois cet honneur par le passé, du temps de l'ancienne Coupe des clubs champions européens. C'est aussi l'antre du Real Madrid CF, le club le plus titré de la compétition (9 victoires). À l'occasion de la première finale disputée un samedi, le FC Internazionale Milano et le Bayern espèrent écrire un nouveau chapitre de leur propre histoire en succédant au FC Barcelona, vainqueur l'an dernier.

La finale réunit l'entraîneur de l'Inter José Mourinho et Van Gaal, l'homme duquel il a tant appris en tant qu'adjoint au Camp Nou il y a plus de dix ans. Tous deux ont l'espoir d'ajouter un titre européen à leur doublé au niveau national, et de rejoindre par la même occasion Ottmar Hitzfeld et Ernst Happel, les deux seuls entraîneurs à avoir remporté la compétition avec deux équipes différentes.

"Je ne peux dire que de bonnes choses sur cette époque (passée ensemble), a dit Mourinho après que les deux entraîneurs se sont de nouveau croisés vendredi. "J'ai l'impression que c'était hier même si cela fait douze ans. Je lui ai dit lorsque nous nous sommes qualifiés pour la finale que ce serait 'une accolade avant la finale, une accolade après la finale'. L'accolade avant la finale, c'est fait ; celle d'après la finale viendra."

Le Néerlandais s'est dit impressionné par les exploits de son ancien protégé, notamment ses succès face au Chelsea FC et Barcelone aux tours précédents. "Chelsea et Barcelone jouent à un autre niveau", selon Van Gaal. "Mais un entraîneur doit trouver un moyen de gagner. C'est ce qu'a fait Mourinho et c'est ce qu'on appelle de la tactique. Les joueurs aussi doivent être convaincus. C'est cela l'art d'entraîner et il est maître en la matière. Ma philosophie est de toujours aller vers l'avant. Mourinho est plus défensif, mais il a des joueurs qui peuvent faire basculer le match."

Pendant qu'un soleil de plomb chauffait Bernabéu, Van Gaal était décontracté et prêt à plaisanter avec les journalistes. À la question si Mourinho était le meilleur entraîneur de sa génération, il rétorque: "Il est dix ans plus jeune (que moi), donc si vous parlez de cette génération-là, alors vous avez raison."

La pression monte cependant. "Nous devons nous concentrer et cela est très difficile", admet Van Gaal. "Regardez toute cette attention médiatique." Mourinho opinait : "Je vais me réveiller demain et je vais me dire: 'Dans quelques heures, je suis en finale de la Champions League. Mon cœur va battre un peu plus fort."

L'entraîneur de l'Inter est confiant toutefois que son équipe ne va pas perdre ses moyens le jour J. "Ce qui rend un joueur spécial, c'est sa capacité à jouer sous pression. Nous sommes une équipe de stars qui veulent tous que l'équipe soit la star."

Les deux équipes seront privées d'éléments importants en la personne de Franck Ribéry et Thiago Motta, suspendus. Hamit Altıntop devrait remplacer le Français sur le côté gauche, alors que Mourinho pourrait replacer son capitaine Javier Zanetti pour sa 700e apparition sous les couleurs de l'Inter, dans un rôle de milieu récupérateur. Cristian Chivu, quant à lui, a de grandes chances d'être aligné comme défenseur gauche avec la lourde tâche de cadenasser Arjen Robben.

La premier trophée européen du Bayern a été remporté face au Club Atlético de Madrid en 1974 et son plus récent date d'il y a neuf ans contre le Valencia CF. Les Allemands aspirent à rejoindre le groupe très fermé des trois clubs à avoir gagné cinq Champions Leagues. Pour l'Inter, c'est une joie indescriptible d'accéder de nouvau à la finale, 38 ans après. Dans l'ombre de leurs voisins de l'AC Milan pendant de nombreuses années, les Nerazzuri ont retrouvé une partie du lustre, qui était le leur à l'époque du Grande Inter d'Helenio Herrera en 1964 et 65 et ont dans le viseur un troisième sacre européen.

"La plupart (des fans de l'Inter) n'étaient pas de ce monde la dernière fois que l'Inter était en finale", a lancé Mourinho. "Ce serait quelque chose de spécial pour nous : un club spécial, un président spécial et des supporteurs spéciaux. Je félicite le Bayern pour ce qu'il a accompli cette saison et je m'attends à une grande finale parce que ces deux équipes ont été les deux meilleurs en Europe cette saison."