Munich vit encore en Sir Bobby Charlton
mercredi 6 février 2008
Résumé de l'article
Pour Sir Bobby Charlton, pas un jour ne se passe sans qu'il repense à la catastrophe aérienne de Munich du 6 février 1958.
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Pour Sir Bobby Charlton, pas un jour ne se passe sans qu'il repense à la catastrophe aérienne de Munich qui a coûté la vie à tellement de ses "Busby Babes". Ceux qui sont morts n'étaient pas seulement des coéquipiers, mais également des amis.
Dans son autobiographie publiée en 2007, il écrivait "Même aujourd'hui... ça me retombe dessus tous les jours. Parfois, c'est une sensation discrète, un petit coup dans ma bonne humeur. D'autres fois, c'est une lame de fond qui me balaye de regrets et de tristesse, ainsi que de la culpabilité de m'en être sorti et d'avoir vécu de belles choses. Le crash aérien de Munich est toujours là, un évènement qu'il m'est impossible d'oublier. Je traîne ce souvenir avec moi comme une valise usée par le temps."
Records
Sir Bobby a aujourd'hui 77 ans, il parle librement de ce moment de sa vie où tout a basculé. Cet accident a vu périr huit de ses coéquipiers à Munich le 6 février 1958, et il en est sorti avec quelques blessures légères. Il a survécu après avoir été propulsé hors de l'avion : après avoir perdu connaissance, il a rapidement repris ses esprits pour se retrouver sur la piste, encore attaché à son siège.
Il ne s'est pas laissé abattre, rechaussant les crampons moins d'un mois plus tard pour disputer 759 matches pour le Manchester United FC avant de prendre sa retraite en 1973, après avoir marqué l'histoire du club. Les 49 buts qu'il a inscrit pour l'Angleterre entre 1958 et 1970 constituent un autre record pour le joueur anobli, et s'il a remporté la Coupe du Monde de la FIFA en 1966 et la Coupe des clubs champions européens en 1968 avec une équipe de MU recomposée, l'accident de Munich demeure un moment clé de sa vie.
"Les meilleurs en Europe"
Sir Bobby pense que sans ce crash, l'équipe de Matt Busby aurait remporté la Coupe d'Europe en 1958 et mis un terme à la série de cinq trophées du Real Madrid CF qui a fait du club espagnol l'un des plus grands du monde.
"Je pense que si l'équipe était restée entière, nous l'aurions remportée l'année après l'accident. Le Real Madrid l'a gagnée les cinq premières années, mais nous n'allions pas nous arrêter en si bon chemin : nous voulions devenir la meilleure équipe d'Europe. Je me souviens de notre premier match européen disputé à domicile, je voulais jouer et nous avons battu les Belges d'Anderlecht 10-0. Au départ, je me suis dit : 'Est-ce qu'on sera assez bons pour ce genre de défi ? Qu'est-ce qu'il nous attend ? Est-ce qu'on a un avenir ?' En fait, c'était le contraire. Mis à part le Real Madrid, en ces temps-là, on aurait vraiment pu battre n'importe qui."
Le triomphe de Wembley
Manchester United devait cependant attendre dix ans avant que Busby, qui avait également survécu au crash, ne reconstruise son club et son équipe. Ensuite, le 29 mai 1968, Charlton inscrivait un doublé à Wembley pour permettre aux Red Devils de battre le SL Benfica 4-1 et d'être couronnés champions d'Europe. "C'était une soirée merveilleuse, car ça a corrigé les choses, d'une certaine manière. L'accident s'était produit, cette grande tragédie, cette lourde perte.
"Ça a aidé Matt Busby. C'était son équipe, ses joueurs qui sont morts. Ca lui a facilité les choses, en quelques sortes. Je pense qu'il se sentait bien, parce que c'est à lui que les joueurs manquaient le plus. Il se sentait responsable. Manchester United était un club familial, et il était le père que famille que vous pouvez imaginer lorsque cela s'est produit : c'était encore plus une tragédie pour lui que pour n'importe qui d'autre."
"Un miracle"
En dehors d'une saison passée au Preston North End FC en tant que joueur-entraîneur en 1973/74, Sir Bobby est resté à Manchester United depuis qu'il a signé au club en janvier 1953, à l'âge de 15 ans. Il a vu MU grandir, d'abord sous les ordres de Busby, puis sous la houlette de Sir Alex Ferguson, pour devenir l'un des clubs les plus prestigieux du monde. Mais les évènements survenus lors que cette terrible nuit d'hiver à Munich aident Charlton à mettre tout cela en perspective.
"Ma vie, c'est vraiment un miracle qui m'a été offert", écrivait-il dans le prologue de son livre. "Mais à Munich en 1958, j'ai appris que même les miracles, ça se paye."
*Cette interview a été publiéeà l'origine en 2008