Souvenirs d'Istanbul
mardi 22 mai 2007
Résumé de l'article
Alors qu'il se prépare à une nouvelle confrontation avec Milan, Rafael Benítez se remémore une finale inoubliable à Istanbul il y a deux ans.
Corps de l'article
Cette finale était peut-être la plus étonnante en 51 ans de Coupe des clubs champions européens. Alors que son équipe du Liverpool FC était menée 3-0 après 45 minutes de jeu face à l'AC Milan, le manager Rafael Benítez a réussi à revenir au score et à remporter la victoire, pour entrer dans les annales d'Anfield. Alors qu'il se prépare à une nouvelle confrontation avec Milan, l'Espagnol de 47 ans revient sur cette soirée inoubliable à Istanbul il y a deux ans.
La Champions League est la compétition la plus importante du monde. Compte tenu de son déroulement, ce match a été le plus palpitant sur la scène européenne, et il faudra bien attendre 100 ans avant de voir une autre finale du même niveau.
Avant le match, nous parlions de ne pas faire d'erreurs. Mais nous avons commencé par perdre la balle et par concéder un but sur coup franc. En général, je suis très calme, surtout à la mi-temps. Mais cette fois je me disais, 2-0, qu'est-ce que je peux dire ? En anglais en plus. Et puis nous avons pris le troisième but. D'un coup, tout est devenu plus difficile. Mais en écoutant les supporteurs, le message était clair : il fallait faire quelque chose pour eux. C'était peut-être le match le plus important, on perd 3-0 et il faut dire quelque chose en anglais. C'était un très mauvais moment pour moi.
Quand on compare mon niveau d'anglais aujourd'hui avec celui que j'avais il y a deux ans, on peut dire que j'ai bien progressé. Imaginez-moi à l'époque, parler une autre langue, et devant dire quelque chose bientôt, dans 10 ou 15 minutes. Ce n'est pas facile. Le problème, ce n'est pas de dire quelque chose, c'est quand ils répondent, parce qu'on ne comprend pas toujours ce qu'ils disent, surtout certains natifs de Liverpool.
La première chose à faire était de préparer un plan pour contrer Kaká. Alors j'ai dit à Dietmar Hamann qu'il allait jouer. Nous avons discuté les détails et Hamann est allé s'échauffer. Quand j'ai fini mon speech, le kiné m'a dit que (Steve) Finnan ne pourrait pas rejouer et qu'il fallait que je le remplace. Entre-temps, (Djimi) Traoré était allé se doucher, alors je lui ai dit "Djimi, on change, Finnan ne peut pas jouer". C'était environ huit minutes après le début de la mi-temps. Tout était sous contrôle, et en une minute il fallait tout changer. Changer ses plans en anglais est un vrai problème, alors nous espérions bien être satisfaits du résultat.
Nous savions que si nous marquions en début de période, nous reviendrions dans le match, et c'est ce qui s'est passé. Quand nous avons marqué le troisième but, j'ai pensé que nous y étions, et j'ai été plus confiant. Quand ils ont manqué une occasion en fin de match, j'étais sûr que nous pouvions les battre aux tirs au but.
J'ai serré la main (à l'entraîneur de Milan Carlo Ancelotti), je lui ai dit "désolé" et je lui ai présenté mes meilleurs souhaits. J'ai une très haute opinion de lui. Il a tout fait pour gagner. A la mi-temps, il gagnait 3-0, et puis nous nous sommes mis à marquer des buts, alors il a dû faire des changements, il a utilisé Serginho sur la gauche pour essayer d'ouvrir le match. Il était vraiment bon, mais la chance nous a un peu aidés. Peut-être qu'il se demande pourquoi. En Italie, on a peut-être dit qu'il aurait pu miser plus sur la défense en seconde période. Mais l'AC Milan est un club d'élite. Ils aiment jouer l'attaque et ils aiment jouer avec le ballon.
Après le match, j'étais avec des amis à l'hôtel, et je leur ai dit "vous voulez voir la coupe ?". Ils ont répondu oui, bien sûr, alors je leur ai dit de venir avec moi. Mais le gars de la sécurité a dit que nous ne pouvions pas. Je lui ai dit : "Mais je suis le manager", mais il n'a jamais voulu nous laisser passer pour aller voir la coupe.