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Les femmes dans le football : cinq étoiles qui vont briller cette saison

Coup de projecteur sur un cinquième groupe de femmes engagées dans le développement du football en Europe à l’aube de douze mois très chargés.

Plus tôt cette année, l’UEFA a lancé une nouvelle campagne visant à faire connaître l’influence significative des femmes dans la communauté du football européen.

Au cours des cinq derniers mois, l’UEFA a mis en lumière cinq femmes dont l’engagement contribue à façonner le présent et l’avenir du football, à tous les niveaux du jeu.

Que ce soit sur le terrain, sur les bancs de touche ou au plus haut niveau, chacune des pionnières que nous vous présentons a une histoire inspirante à raconter, offrant un parfait exemple pour inciter davantage de femmes et de filles à laisser leur empreinte dans le football.

Cinq femmes qui ont fait de l’EURO 2020 un succès

À moins d’un an de l’EURO féminin de l’UEFA 2022, qui aura lieu en Angleterre, et avec le lancement de la nouvelle formule de l’UEFA Women’s Champions League, qui sera accompagnée d’un contrat de diffusion international, les douze prochains mois s’annoncent chargés. Découvrons cinq femmes qui vont permettre au football féminin de continuer à se développer sur un rythme effréné.

Caroline Seger, milieu de terrain de Rosengard et joueuse internationale suédoise recordwoman de sélections

Zahra Khamisa, agent de développement partenariats avec les villes hôtes à la FA, EURO féminin de l’UEFA 2022

Wendie Renard, capitaine de l’Olympigue Lyonnais et internationale française

Carolina Morace, légende italienne, commentatrice télé et entraîneure principale de la Lazio Women

Katrien Jans, responsable du football féminin à l’Union belge de football

Caroline Seger : « Prenez beaucoup de plaisir, battez-vous et croyez en vous-mêmes ! »

Caroline Seger en action lors de son 215e match avec la Suède (un record).
Caroline Seger en action lors de son 215e match avec la Suède (un record).Getty Images

Seule joueuse européenne en activité qui compte plus de 200 sélections, la milieu de terrain Caroline Seger a disputé son 215e match avec l’équipe nationale suédoise en juin, un record. Joueuse ayant remporté l’UEFA Women’s Champions League et participé à onze tournois majeurs, elle va pouvoir ajouter au moins les Jeux olympiques et l’EURO féminin 2022 à son palmarès au cours des douze prochains mois.

Quels changements avez-vous vu dans le football féminin depuis vos débuts, et comment voyez-vous l’avenir ?

« Je dirais que tout a changé, à la fois techniquement et physiquement. Quand j’ai commencé à jouer, on abusait des longs ballons, mais il y a eu beaucoup d’améliorations et la Coupe du Monde 2019 a montré que le niveau est excellent maintenant, et pas seulement dans des pays où le football féminin a toujours été un succès. J’aimerais avoir 20 ans à nouveau et jouer au summum de ma forme aujourd’hui. Mais je suis heureuse d’avoir eu cette carrière, d’avoir connu des hauts et des bas dans le football féminin et d’avoir contribué au développement et à la croissance de la discipline. Quant à l’avenir, je pense que le football féminin va être encore meilleur, encore plus rapide. Il va attirer plus de supporters, plus de sponsors, plus d’argent. On a besoin de cela pour le développement du football féminin.

Que va représenter ce tournoi pour vous et pour le football féminin ?

« L’EURO féminin de l’UEFA 2022 va montrer tout le potentiel du football féminin. Sur l’ensemble du continent, le football féminin est en plein développement, mais en Angleterre en particulier, son développement est immense, et c’est génial de voir que l’EURO féminin va avoir lieu là-bas. Ils injectent beaucoup d’argent dans le championnat en ce moment. Je pense que, pour les supporters, et pour nous, les joueuses, ce sera l’un des plus grands tournois qu’on ait jamais connus. Je suis toujours motivée, et je me maintiens en forme. Il reste une médaille d’or que je voudrais gagner avec l’équipe nationale. »

Qu’est-ce que cela vous fait d’être le modèle de bon nombre de jeunes filles et de femmes ?

« C’est bien pour les jeunes d’avoir quelqu’un à qui s’identifier. Aujourd’hui, elles peuvent nous voir à la télé et nous suivre dans le monde entier. J’essaie de faire de mon mieux pour montrer l’exemple tous les jours, sur le terrain et en dehors. Les jeunes filles voient qu’elles peuvent devenir le meilleur d’elles-mêmes si elles veulent. Et elles ont des rêves. Alors je suis très fière d'être un modèle, si certaines personnes le pensent. Mon conseil pour les jeunes filles est le suivant : prenez beaucoup de plaisir, battez-vous et croyez en vous-mêmes. Le chemin de la réussite est semé d’embûches, mais vous avez toutes les possibilités pour être et devenir le meilleur de vous-mêmes. »

En savoir plus sur l’EURO féminin de l’UEFA 2022

Zahra Khamisa : « Je veux que les gens sachent qu’il y a de place pour eux dans le sport ! »

Zahra Khamisa contribue à créer quelque 500 000 nouvelles opportunités pour les femmes et les jeunes filles dans le milieu du football.
Zahra Khamisa contribue à créer quelque 500 000 nouvelles opportunités pour les femmes et les jeunes filles dans le milieu du football.

Née au Canada, Zahra Khamisa est agent de développement partenariats avec les villes hôtes pour l’EURO féminin de l’UEFA 2022. C’est une leader dans les domaines de la diversité et de l’inclusion puisqu’elle aide à créer un héritage pour le tournoi qui attirera des milliers de femmes et de jeunes filles dans le football. Après avoir étudié la kinésiologie, elle a travaillé dans le cyclisme et le cricket avant de rejoindre l’Association anglaise de football (FA). 

Est-ce motivant de savoir que l’EURO féminin de l’UEFA 2022 offrira un avenir plus rose pour les jeunes filles et les femmes dans le football ?

« C’est excitant de travailler sur quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant. Il y a une quantité infinie de possibilités pour l’EURO féminin de changer le football féminin et le football des filles dans les communautés locales tout autour du pays. Nous avons lancé notre programme d’héritage avec l’ambition de créer 500 000 nouvelles opportunités dans le football d’ici à 2024, à travers cinq catégories : premières années, années de développement, loisir des adultes, formation et arbitrage. Le tournoi nous permettra d’amplifier les effets de notre travail. Tous les matches seront diffusés sur des chaînes gratuites, et nous pourrons ainsi toucher la petite fille ou le petit garçon qui n’a jamais regardé un match de football. Une fois qu’il y a cette inspiration et cette demande qui grandit, nous devons nous assurer que les structures sont déjà en place et que les gens peuvent y aller pour jouer. »

Quelle est l’importance d’avoir des modèles dans le sport pour que les femmes des communautés sous-représentées s’impliquent ?

« Avant, quand j’entrais dans une salle, je comptais le nombre de femmes présentes. Aujourd’hui, je regarde combien il y a de femmes qui me ressemblent. Je veux inspirer les femmes et leur dire qu’il y a de la place pour elles dans le sport. Pas besoin d’être une joueuse de talent ou une experte pour travailler dans le sport. Il y a des fonctions pour chacune, à condition qu’elle soit soutenue. Nous devons essayer de comprendre quelles sont les barrières qui empêchent les gens de s’impliquer. Nous devons trouver des solutions à différents niveaux, en matière d’inclusion et d’ambiance accueillante, et c’est là qu’il est important d’avoir des modèles et la bonne représentation. »

Quelles sont les expériences que vous avez faites au cours de votre carrière dans le sport ?

« J’ai travaillé dans des environnements très masculins, et parfois, les gens pensent savoir des choses sur vous. Vous avez alors l’impression de devoir vous forger de la crédibilité, bâtir de la confiance et montrer différentes compétences. Ce n’est pas toujours simple. Il est important d’avoir des mentors à qui se référer, pour demander de l’aide, et de faire preuve de courage dans ces fonctions. Une bonne partie de notre travail d’héritage pour l’EURO féminin 2022 tourne autour de la création de ces environnements inclusifs pour que les femmes et les jeunes filles se sentent en sécurité, bien accueillies et en confiance pour jouer ou apporter une autre contribution. »

Pour en savoir plus sur les programmes d’héritage de #WEURO2022

Wendie Renard : « On doit se battre encore plus pour la future génération ! »

Wendie Renard dans une situation qui lui est familière, avec le trophée de l’UEFA Women’s Champions League !
Wendie Renard dans une situation qui lui est familière, avec le trophée de l’UEFA Women’s Champions League !©Getty Images

Septuple vainqueure de l’UEFA Women’s Champions League, Wendie Renard a été la capitaine de Lyon lors de ses cinq titres consécutifs, entre 2016 et 2020. Grande défenseuse centrale avec d’incroyables statistiques de buteuse, Wendie Renard est originaire de la Martinique, dans les départements et régions français d’outre-mer, où, pour la plupart des jeunes filles, une carrière dans le football européen n’est qu’un rêve lointain.

Vous avez grandi en Martinique. Est-ce que vous pensiez un jour devenir footballeuse professionnelle ?

« C’était bizarre pour une fille de jouer au football, alors c’était encore plus bizarre que ce soient les femmes de ma famille qui m’aient poussée à jouer. Elles aimaient le football autant que moi. Ma tante était arbitre, ma mère jouait un peu et regardait tout le temps les matches. À l’école, on avait ce genre de cours où on parlait d’orientation de carrière. Un jour, la maîtresse a demandé à la classe : "Qu’est-ce que vous voulez faire dans la vie ?" Et moi, j’ai écrit deux choses. Joueuse de football professionnelle Hôtesse de l’air La maîtresse est passée dans les rangs pour vérifier le travail et s’est arrêtée près de mon bureau. Elle a pris ma feuille, l’a regardée, puis elle m’a regardée. "Wendie, cela n’existe pas", a-t-elle dit en pointant du doigt le premier métier que j’avais écrit. "Tu dois changer ça. Ce métier n’existe pas." Pour moi, c’était simple. C’était la seule chose qui comptait. Je n’ai même pas été en colère, car, pour moi, la question n’était pas de savoir si cela pouvait arriver. Je savais que j’allais le faire. »

Aviez-vous des idoles dans le sport ? Quelle est l’importance qu’elles revêtent pour les jeunes filles ?

« J’aimais bien les sœurs Williams, Venus et Serena. Quand j’étais très jeune, on parlait beaucoup d’elles. Ce qu’elles ont fait, c’est très fort, et leur histoire, c’est l’histoire d’un dur labeur. Beaucoup de travail, des sacrifices, et ne jamais rien lâcher. J’aime bien ça. Je n’oublierai jamais les générations précédentes qui se sont battues pour nous. C’est une succession de choses. Les femmes avant nous se sont battues pour obtenir des choses, et maintenant, on gagne de plus en plus et on doit se battre pour la prochaine génération de femmes, pour qu’elles aient encore plus. Nous devons aller de l’avant et nous battre avec nos armes, puis nous devons gagner pour poursuivre l’évolution. »

Quelle est votre motivation concernant la nouvelle formule de l’UEFA Women’s Champions League et le contrat de diffusion avec DAZN et YouTube ?

« En grandissant, j’ai eu cet objectif de gagner des titres. On l’a fait ensemble à Lyon et ce n’est pas fini. On va continuer à écrire l’histoire. Les gens vont aimer la nouvelle structure de la compétition. Elle va être encore plus intéressante avec le relèvement du niveau, et elle va offrir de nouvelles possibilités aux clubs. Passer sur YouTube va être exceptionnel, car chacun y a accès. En matière de visibilité, et pour les enfants, c’est énorme. »

La nouvelle formule de l’UEFA Women’s Champions League

Carolina Morace : « On ne gagne pas avec onze joueuses, on gagne avec tout l’effectif ! »

Carolina Morace est aujourd’hui entraîneure principale de la Lazio Women.
Carolina Morace est aujourd’hui entraîneure principale de la Lazio Women.Getty Images

Détentrice de la Licence Pro de l’UEFA et première femme à entraîner une équipe professionnelle masculine, l’ancienne professionnelle Carolina Morace a aussi dirigé l’équipe nationale féminine d’Italie. Elle est aujourd’hui entraîneure principale de la Lazio Women en plus de son poste de commentatrice pour la télévision italienne.

Quelle est votre recette du succès en tant qu’entraîneure ?

« Je n’ai jamais gagné dans un environnement où il n’y avait pas d’harmonie. Et on crée de l’harmonie en parlant à toutes les joueuses. Je traite toujours tout le monde de la même manière. C’est naturel pour moi. Ce sont toutes mes joueuses, et mon travail est de les aider à progresser. Il me paraît crucial d’avoir tout le groupe avec moi. On ne gagne pas avec onze joueuses, on gagne avec tout l’effectif ! Dans un sport collectif, le plus important c’est l’équipe. »

De quelle manière les entraîneurs peuvent-ils continuer à contribuer au développement du football féminin ?

« Je suis une passionnée et je ne regarde pas que le football féminin, je regarde tout. Je suis aussi le football masculin, car il est en constante évolution. Quand je vois quelque chose de nouveau, je prends mon téléphone et j’appelle d’autres entraîneurs pour savoir comment et pourquoi ils ont fait cela, pour apprendre. Le football féminin peut encore beaucoup progresser, mais cela dépend de nous, les entraîneures. Si tout le monde partage ses connaissances, on pourra développer le football féminin ensemble. L’une des grandes innovations de ces dernières années est de repartir de l’arrière, du gardien. Par exemple, à l’EURO 2020, l’équipe nationale italienne a pressé très haut sur le terrain. Les meilleures équipes masculines en Europe, de Liverpool au Paris Saint-Germain, imposent un pressing haut sur le terrain. Je n’ai pas encore vu ce genre de détail technique dans le football féminin, et à mon avis, ce sera la prochaine étape. Si on progresse au niveau des détails techniques, on pourra offrir un meilleur spectacle. »

Quels seront les principaux éléments moteurs du football féminin lors des prochaines années ?

« Le fait que certaines équipes professionnelles masculines ont également des équipes féminines est fondamental pour la croissance du football féminin. Les papas sont supporters d’un club et ils emmènent leurs filles pour jouer dans ces clubs, comme la Lazio, la Roma, la Juventus, l’Inter. Grâce à ces grands clubs et à leurs supporters, nous aurons plus de fans et une meilleure exposition. L’EURO féminin de l’année prochaine attirera l’attention des amateurs de football dans toute l’Europe, et les gens auront une passion grandissante pour leur équipe nationale féminine. »

Comment obtenir une licence d’entraîneur de l’UEFA ?

Katrien Jans : « Bientôt, toutes les filles pourront rêver de devenir professionnelles ! »

Katrien Jans s’est servie de son expérience de joueuse pour contribuer au développement du football à tous les niveaux en Belgique.
Katrien Jans s’est servie de son expérience de joueuse pour contribuer au développement du football à tous les niveaux en Belgique.

Depuis deux ans, Katrien Jans est la responsable du football féminin au sein de l’Union belge de football. Elle contribue au développement de la discipline des plus jeunes catégories jusqu’à l’équipe nationale. Ancienne joueuse de première division belge, elle travaille à la fédération depuis plus de huit ans, et l’été dernier, elle a supervisé le lancement de la nouvelle Super League féminine en Belgique. Elle espère bien que l’année 2022 fera passer un cap au football féminin.

Avez-vous ressenti de la frustration d’être une si bonne joueuse sans qu’il existe les infrastructures adaptées à une carrière professionnelle, et dans quelle mesure cette expérience vous motive-t-elle aujourd’hui ?

« J’ai arrêté de jouer il y a dix ou onze ans, et deux ou trois ans plus tard, le football féminin a commencé à changer et à devenir plus professionnel. Moi, je disais toujours : "Ok, je vais faire des études, je vais travailler, il y aura un moment où je devrai quitter le football", mais je pense que si j’avais pu faire une carrière professionnelle, je me serais entraînée encore plus dur et j’aurais pris les choses encore plus au sérieux pour atteindre mon rêve. J’adore mon rôle, car le football féminin a toujours été ma passion, et quand j’étais plus jeune, je ne pensais pas pouvoir en faire mon métier. J’espère que bientôt, toutes les filles pourront rêver de devenir professionnelles, et qu’il n’y aura plus aucune barrière qui les empêchera de jouer au football. »

Vous travaillez également en étroite collaboration avec la section masculine de votre fédération. De quelle manière les deux équipes se soutiennent-elles ?

« Le football féminin est bien plus récent que le football masculin, alors on apprend beaucoup et on s’appuie sur leur expérience pour développer notre sport. Si je regarde notre fédération, on travaille ensemble sur de nombreux projets. Par exemple, on a lancé un cours de formation des entraîneures à l’intention des joueuses de notre équipe nationale, et le sélectionneur des garçons, Roberto Martinez, a vraiment aimé l’idée. Tant et si bien que l’équipe nationale masculine fait la même chose. D’autre part, ils nous donnent des informations sur leur manière de sélectionner les joueurs, ce qui est un vrai plus pour nous. C’est bien de voir le football masculin soutenir l’évolution du football féminin. On a besoin d’expertise et d’investissement, et c’est génial que les clubs investissent davantage dans des environnements professionnels pour les équipes féminines. »

Qu’espérez-vous de l’EURO féminin 2022, et comment voyez-vous l’après ?

« En 2017, nous avons été éliminées au premier tour, alors aller plus loin sera sans aucun doute l’objectif de l’équipe de Belgique. Pour le football féminin en général, on voit que les grands tournois exercent une influence sur le football de base et le nombre de licenciées, mais ils attirent aussi de nouveaux sponsors. C’est un cercle vertueux. En 2017, on a connu une hausse de 17 % du nombre de licenciées, alors on espère voir la même chose en 2022. Si je regarde plus loin, je serais très heureuse de pouvoir ramener une Coupe du monde féminine en Belgique, qu’on pourrait organiser avec les Pays-Bas et l’Allemagne. Cette organisation aurait des répercussions extraordinaires sur le football féminin. »

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