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Archive : entretien avec Raymond Kopa

Pour le grand international français Raymond Kopa, le football lui permettait de quitter les mines de charbon du Nord, comme il l'a expliqué à William Gaillard, de l'UEFA.

Raymond Kopa va être honoré comme l'un des plus grands joueurs européens de l'Histoire
Raymond Kopa va être honoré comme l'un des plus grands joueurs européens de l'Histoire ©Getty Images

Raymond Kopa va recevoir le prix du Président de l'UEFA des mains de Michel Platini, samedi dans son ancien club du Stade de Reims. Avant ce prestigieux honneur pour l'ancien joueur de l'équipe de France et du Real Madrid CF, UEFA.com a retrouvé dans ses archives un entretien entre Kopa et Williams Gaillard, de l'UEFA, qui a été publié dans l'édition juin/juillet 2005 du magazine "Champions".

Comme la plupart des hommes de sa ville natale de Nœux-les-Mines, la légende du football français Raymond Kopa a commencé à travailler à 14 ans, comme mineur. Mais même ce travail épuisant, qui consistait à pousser les wagons de charbon, n'a pas entamé la passion du football qui animait ce fils d'immigrés polonais, qui évoluait alors sous les couleurs du Nœux-les-Mines FC.

Un accident de travail, au cours duquel il perd un doigt, convainc définitivement Kopa que ce travail au fond des puits n'est pas fait pour lui. C'est pourtant sans enthousiasme qu'il participe aux sélections de jeunes footballeurs en 1949, l'année de son 18e anniversaire. Vainqueur de la compétition du Nord, il se qualifie pour la finale nationale, qu'il termine en deuxième position.

"Tout cela ne signifiait rien pour moi à l'époque. Cela me semblait très artificiel", confie-t-il à "Champions". "Nous devions tirer des corners, des coups francs et effectuer un slalom chronométré. J'espérais décrocher un contrat avec l'un des grands clubs du nord : (le) Lille (OSC), (le RC) Lens, (le) Valenciennes (FC) ou Roubaix, alors en première division", ajoute-t-il. "J'ai donc été très déçu lorsque seul un club de deuxième division de l'ouest de la France, (le SCO) Angers, m'a fait une proposition."

Il ne va pourtant pas perdre son temps à Angers, puisque c'est là qu'il rencontre Christiane, sa future femme. Après deux ans en deuxième division, le Stade de Reims Champagne, récent vainqueur de la Coupe de France, l'engage pour un transfert de 1,8 MF. Plutôt petit, et doté de jambes puissantes, ses dribbles enchantent déjà les foules. "J'adorais dribbler", se souvient-il. "Le dribble était mon arme secrète, grâce à laquelle je pouvais faire la différence. Au début, les journaux et le public trouvaient que j'en faisais trop. Mais que pouvais-je y faire ? C'était ma façon de jouer."

Le 5 octobre 1952, un an après son arrivée à Reims, il est sélectionné pour la première fois en équipe de France pour un match contre l'Allemagne de l'Ouest. C'est le début d'une carrière internationale qui durera dix ans et le verra disputer deux Coupes du Monde de la FIFA. Il totalisera 18 buts en 45 sélections. Pendant ce temps, son parcours sur la scène nationale va de succès en succès.

"Reims était une équipe fantastique. Nous pratiquions un football tourné vers l'attaque, baptisé 'football champagne' et nous comptions des supporteurs dans toute la France", rappelle-t-il. "En 1953, nous avons battu le Milan AC 3-0 en finale de la Coupe Latine (ancêtre de la Coupe des clubs champions européens). Milan m'avait fait une proposition, mais je voulais jouer pour le Real Madrid (CF), qui était alors le meilleur club du monde."

L'année suivante, Kopa apposait sa signature sur l'un des contrats les plus lucratifs de l'époque, le liant au Real Madrid pour trois ans. Aujourd'hui encore, il en garde un souvenir merveilleux : "Ces trois années ont été fantastiques. Nous avons gagné trois Coupes d'Europe, deux titres de champion d'Espagne, et nous n'avons perdu qu'un seul match à domicile durant toute cette période."

"Aujourd'hui, les médias qualifient les Madrilènes de Galactiques", ajoute-t-il. "Je ne veux rien retirer à l'équipe actuelle, mais je pense sincèrement que nous possédions un groupe supérieur. L'ambiance pendant les matches était incroyable, avec 125 000 spectateurs agitant des mouchoirs blancs... Nous n'avions pas de sponsor, pas de diffusion à la télévision, et nous devions jouer des matches amicaux dans le monde entier pour faire vivre le club. C'était vraiment une autre époque."

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