En mémoire de Hans Bangerter
jeudi 4 août 2022
Résumé de l'article
Retour sur la carrière et l’héritage de l’ancien secrétaire général de l’UEFA Hans Bangerter, qui s’est éteint à l’âge de 98 ans.
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Hans Bangerter a commencé sa carrière comme secrétaire général de l’UEFA en janvier 1960 à Berne, la capitale suisse, dans le sous-sol d’un immeuble d’habitation qu’il partageait avec deux secrétaires.
Il l’a terminée lors de son départ à la retraite en décembre 1988, après avoir consacré près de trois décennies à l’UEFA et au football européen. Dans l’intervalle, il avait gagné le respect et la reconnaissance de ses pairs non seulement pour son rôle clé dans le développement de l’UEFA mais aussi pour ses idées, ses mesures et ses innovations, qui allaient marquer l’évolution du football dans toute l’Europe.
Succédant au Français Pierre Delaunay en tant que secrétaire général de l’UEFA, Hans Bangerter est arrivé à une époque où l’organisation était encore jeune et balbutiante. Au fil des années, il a aidé l’instance à croître et à prospérer, ce qui lui a rétrospectivement permis de se féliciter d’avoir mené une vie professionnelle incroyablement remplie et épanouissante, et de ressentir la satisfaction d’avoir largement contribué à façonner l’avenir de cette organisation, alors en phase de construction.
Un nouveau départ à Berne
Né à Studen, un village près de Berne, Hans Bangerter a pris ses nouvelles fonctions au moment où l’UEFA s’installait en Suisse après avoir été hébergée depuis sa fondation en 1954 dans les locaux de la Fédération Française de Football, à Paris.
De 1962 à 1974, la jeune organisation a poursuivi ses activités depuis des bureaux situés dans la Maison suisse du sport, à Berne. Lorsque M. Bangerter s’est accordé une retraite bien méritée, l’instance européenne avait pris ses quartiers dans des bureaux dédiés sis dans un immeuble de la banlieue bernoise appartenant à l’UEFA, à la Jupiterstrasse, et comptait alors un effectif d’une trentaine de personnes.
Façonner l’avenir de l’UEFA
En tant que secrétaire général de l’UEFA, Hans Bangerter a contribué à bâtir et à consolider l’instance avec la plus grande diligence. Il a servi sous les quatre premiers présidents de l’UEFA – Ebbe Schwartz (Danemark), Gustav Wiederkehr (Suisse), Artemio Franchi (Italie) et Jacques Georges (France) – et s’est beaucoup investi dans le travail du Comité exécutif de l’UEFA ainsi que dans celui de nombreux autres organes et commissions. Grâce à cet engagement, il a acquis les vastes connaissances et le savoir-faire nécessaires à sa fonction. Il suivait également d’innombrables matches, et participait à des cours, des conférences et des événements sociaux aux quatre coins de l’Europe.
La mise en place d’une administration efficace au cœur du football européen n’aurait pas été possible sans sa patience, ses compétences, sa diplomatie, son sens du leadership, sa bonne fortune et, surtout, sa détermination à se vouer corps et âme à une cause de longue haleine.
Il a souvent été qualifié de « gentleman du football » ou de « Monsieur UEFA » pour l’aide qu’il a fournie à la jeune confédération en l’amenant à sortir de son obscurité initiale et en en faisant une organisation dont les activités ont commencé à attirer l’intérêt croissant des médias et du grand public, bien qu’il n’ait jamais cherché à être dans la lumière de cet environnement de plus en plus médiatisé.
Saisir sa chance
Lorsque la chance a croisé son chemin sous la forme de l’UEFA, Hans Bangerter l’a saisie. C’est en 1959, alors qu’il travaillait comme adjoint du secrétaire général de la FIFA depuis 1953, qu’il a eu l’occasion de reprendre le poste de secrétaire général de l’UEFA, à la suite de la démission de Pierre Delaunay.
Si, quand il a pris ses fonctions, les compétitions de l’UEFA se disputaient déjà relativement régulièrement, elles n’en étaient encore qu’à leurs débuts. Sous sa direction en tant que secrétaire général, l’UEFA allait jouer un rôle charnière non seulement dans le domaine purement sportif, mais aussi concernant les questions juridiques et politiques qui se sont greffées sur le football au fur et à mesure qu’il évoluait.
Un coordinateur et un médiateur
Pour Hans Bangerter, être secrétaire général consistait essentiellement en un rôle de coordinateur et de médiateur. Il était tout particulièrement intéressé par les questions des droits télévisuels et de la couverture des matches, et c’est à lui que l’on doit l’introduction de deux dispositions réglementaires qui deviendront caractéristiques des compétitions interclubs européennes et d’autres tournois de football.
Premièrement, Hans Bangerter est parvenu à établir le principe de dates fixes pour les matches des compétitions européennes. Alors que jusque-là les rencontres n’étaient pas coordonnées, l’introduction des « mercredis européens » à l’échelle du continent a non seulement simplifié l’organisation mais aussi conduit les médias et le public à concentrer leur attention sur un soir de semaine autant que sur un samedi ou un dimanche après-midi.
Deuxièmement, il a apporté l’idée qui a permis de surmonter le problème des rencontres se soldant par un résultat nul, qui requérait souvent l’organisation de matches de barrage en dépit des contraintes – même à l’époque – du calendrier, en élaborant la règle des buts marqués à l’extérieur comptant double, un instrument qui a ensuite été déployé dans les compétitions européennes jusqu’à la saison 2020/21.
Il n’était jamais à court d’idées. Dans un article intitulé « Prospects of the new Decennium » (Perspectives en vue de la nouvelle décennie), publié dans le Bulletin officiel de l’UEFA de mars 1970, il s’interrogeait ainsi : « Ne serait-il pas possible d’avoir une garderie dans l’enceinte ou à proximité du stade afin que les couples avec des enfants en bas âge puissent eux aussi assister aux matches ensemble ? Combien de jeunes femmes au foyer pourraient alors devenir de véritables supportrices de football ! »
Un intérêt aiguisé et visionnaire
Hans Bangerter a décidé de quitter ses fonctions à 64 ans, un projet qu’il a annoncé lors du Congrès de l’UEFA à Munich, en 1988, avant de prendre sa retraite à la fin de l’année.
Quatre ans plus tard, soit en Suède en 1992, lors du premier Championnat d’Europe de football disputé sans qu’il ait activement participé à son organisation, le Congrès de l’UEFA a salué la contribution de Hans Bangerter au développement de l’UEFA en lui décernant le statut de membre d’honneur.
Durant sa retraite active, il a continué à suivre avec un intérêt aiguisé et visionnaire les affaires et les destinées de l’UEFA, aidant notamment à maintenir les contacts entre les anciens officiels et membres de commissions avec lesquels il avait travaillé sur tout le continent, et à assister aux principaux événements de l’UEFA, dont il était une figure familière et bienvenue.
L’UEFA et le football européen sont infiniment reconnaissants à Hans Bangerter d’avoir pris la toute jeune organisation sous son aile et de l’avoir guidée sur le chemin de la maturité.