Emery déjà comme chez lui à Paris
vendredi 9 septembre 2016
Résumé de l'article
Unai Emery s'est admirablement adapté à la vie parisienne en même temps qu'il a révolutionné l'équipe. Confidences sur UEFA.com.
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Avec trois UEFA Europa Leagues en trois saisons avec le Sévilla FC, Unai Emery a su convaincre les dirigeants du Paris Saint-Germain, qui l'ont recruté cet été. Car, malgré quatre titres de rang en Ligue 1 et deux triplés nationaux, le PSG n'a plus disputé les demi-finales de l'UEFA Champions League depuis 1994/95.
Emery a modifié le visage de l'équipe parisienne, faisant notamment venir Grzegorz Krychowiak de Séville et Jesé du Real Madrid, pendant que David Luiz, Lucas Digne et l'omnipotent Zlatan Ibrahimović quittaient la capitale française. Emery a évoqué pour UEFA.com son arrivée à Paris et sa méthode gagnante.
UEFA.com : Pourquoi avez-vous choisi de venir au PSG ?
Unai Emery : Parce que c'est un défi de quitter un grand club comme Séville pour un autre club phare comme Paris. Chacun a ses atouts et ses handicaps, mais le PSG m'offre une chance de sortir de ma zone de confort.
Le travail était très exigeant à Séville et j'aurais pu continuer d'y progresser. Mais Paris, c'est un nouveau défi. C'est le même travail, mais je vais d'abord devoir bosser sur la langue, puis trouver comment communiquer et échanger avec les différents groupes de joueurs. J'ai connu des succès dans le passé, mais le défi qui m'attend consiste à faire de même ici.
UEFA.com : Comment vous adaptez-vous à cette nouvelle ville ?
Emery : Pour moi, l'adaptation est très important. Quand, dans un endroit, on commence à avoir sa vie quotidienne en ordre, alors on peut dire qu'on commence à s'adapter.
Par exemple, trouver un café où on prend ses habitudes. S'asseoir pour boire un soda et se sentir bien. Avoir un chez-soi. Connaître l'itinéraire jusqu'au centre d'entraînement. C'est un processus.
Et puis, il y a le travail. S'habituer aux joueurs, aux adjoints et à l'ensemble du staff, c'est aussi un processus, mais mieux vaut s'adapter rapidement car il faut avoir des résultats à très court terme. Mais, d'un autre côté, il ne faut pas brusquer les choses.
Je suis très heureux de mon adaptation. J'ai appris à connaître l'équipe, la communication et les sensations sont très positives. Maintenant, il s'agit d'approfondir pour savoir exactement ce que chaque joueur préfère et bâtir l'équipe autour de leurs préférences.
UEFA.com : Quelles sont vos premières impressions à propos de l'effectif ?
Emery : C'est une équipe qui a beaucoup gagné et qui s'est développée dans le succès. J'arrive dans un club qui veut continuer à gagner tout en passant un palier. C'est mon défi, et il est difficile à relever.
Les attentes sont extrêmement élevées et les joueurs doivent vivre avec. Quand on me parle de pression après une défaite, je réponds que je ne travaille pas sous pression, mais que je dois répondre à des attentes, à des exigences.
Ici, on exige la victoire et les joueurs en sont conscients. Ce n'est pas facile et ça demande un énorme effort mental mental de ma part, mais aussi de la part des joueurs et du club.
UEFA.com : De manière générale, existe-t-il tant de différences entre le football français et le football espagnol ?
Emery : Le football français est actuellement dominé par le PSG. Ma première pensée en arrivant, c'était qu'on devait absolument gagner le championnat. Je ne prête pas attention aux gens qui disent que ce sera une formalité. Car, si vous pensez que ce sera facile mais que vous vous plantez, ce sera un gros échec.
J'ai déjà vu ce que ça pouvait donner. On a remporté nos deux premiers matches de championnat – c'était compliqué, mais on a gagné. Puis on est tombés contre Monaco, qui est un candidat au titre et qui a réalisé un excellent match pour nous battre.
C'est la réalité, il va falloir travailler. C'est pourquoi le championnat doit être notre priorité, c'est lui qui va nous donner du crédit sur le plan collectif. Si on a du mal à gagner en championnat, ce n'est pas plus mal car ça nous oblige à nous battre et à nous rendre plus compétitifs dans les autres compétitions, comme la Champions League, qui est très importante pour le club.
UEFA.com : Quand le club vous courtisait, est-ce qu'on vous a demandé de respecter le style de jeu du PSG ou est-ce qu'on vous a choisi vous - un entraîneur bardé de trophées - en vous laissant le choix du style de jeu ?
Emery : Je dirais simplement que je veux être compétitif, et que je veux que l'équipe soit compétitive. Cela signifie que je veux appliquer le jeu qui nous rapprochera le plus sûrement de la victoire.
C'est un apprentissage continu pour les joueurs car, pour gagner, il faut découvrir son côté compétiteur. Et puis, il est évident qu'on attend de cette équipe qu'elle s'impose en jouant bien. Mais ça veut dire quoi, bien jouer ? Pour moi, ça veut dire être compétitif.
Et ça implique également d'embarquer les supporters grâce aux émotions transmises par l'équipe et les joueurs. En football, on pourrait croire qu'il suffit de marquer plein de buts, mais ce n'est pas suffisant.
Il est en effet malvenu de marquer plein de buts si on en encaisse autant. C'est de ce processus que je parle. L'identité qu'on souhaite imposer est celle d'une équipe compétitive qui joue non seulement pour gagner, mais aussi pour entrer en communion avec ses supporters et les rendre fiers de nous.
On essaie de construire une équipe sur le terrain et en dehors.
UEFA.com : Laissez de côté l'entraîneur et essayez de répondre en tant qu'homme, voire comme l'enfant qui sommeille en vous : que ressentiriez-vous si vous gagniez la Champions League après trois Europa Leagues ? Vous prenez-vous à rêver d'un tel sacre en tant que professionnel de haut niveau ?
Emery : J'aime rêver les yeux ouverts. J'aime m'ouvrir l'esprit en pensant à des choses agréables. Comme je le dis aux joueurs, il faut d'abord aimer le football. Et même, plus que ça, il faut être passionné par ce qu'on fait. Comme cela, quand on se lève le matin, on est heureux d'avoir la chance d'exercer le métier qu'on adore et de rendre les gens heureux.
C'est primordial. En plus, notre travail peut nous rapporter des titres, pas forcément individuels mais collectifs, avec des supporters qui ont donc du concret à célébrer. Mais rien ne peut se faire sans difficulté car d'autres visent la même chose.
Il faut donc travailler d'arrache-pied. Mais, quand on est passionné par son métier, on a plus de chances de trouver une formule gagnante. La joie qu'on peut ressentir ne vient pas de la destination, du titre, mais du chemin parcouru. Il faut avoir des rêves et des espoirs en tête chaque jour, même si on'y pense pas au quotidien. Il faut aimer s'entraîner, marquer même à l'entraînement, progresser sur le plan physique et affronter l'adversité.
Il ne faut pas oublier qu'on se bat avec soi-même et avec ses coéquipiers pour faire progresser l'équipe. C'est ainsi qu'on arrive ensuite à dominer l'adversaire. Quand on parvient à atteindre ses limites, voire à les dépasser, alors la satisfaction est immense. Voilà quels sont mes rêves.