Rapport de benchmarking sur l'octroi de licences aux clubs
lundi 10 janvier 2011
Résumé de l'article
La publication du 3e rapport de benchmarking sur la procédure d'octroi de licences aux clubs dans le football européen intervient peu après les mesures de fair-play financier.
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L'UEFA a publié son troisième rapport de benchmarking sur la procédure d'octroi de licences aux clubs dans le football interclubs européen. Ce rapport porte sur les résultats financiers de près de 650 clubs de première division dans les 53 associations nationales membres de l'UEFA.
Le Panorama du football interclubs européen est un document d'un peu plus de 100 pages, publié en quatre langues – anglais, français, allemand et russe. Il intervient à un moment clé pour le football de clubs européen. L'UEFA vient en effet d'introduire des mesures de fair-play financier visant à atténuer les difficultés financières auxquelles est confronté le football de clubs européen.
L'édition 2010 du rapport reprend les chiffres des états financiers de 664 clubs – évoluant à 90 % en première division. Ces données proviennent en grande partie directement des clubs ayant fourni des informations financières à leurs associations nationales dans le cadre de la procédure d'octroi de licences.
Le rapport aborde également de nombreux aspects non financiers – notamment les récents résultats et l'évolution de l'octroi de licence ; des informations sur les dimensions et la structure des championnats nationaux ; le nombre moyen de spectateurs et les tendances en la matière ; la structure et la fréquentation des stades ; le lien entre les ressources financières et la réussite sportive, et les différences de calendrier entre les pays pour la période des transferts. Le rapport propose un style visuel avec de nombreux graphiques et illustrations et des séries de questions/réponses.
La seconde moitié du rapport examine en détail les finances des clubs au niveau européen, national et individuel. Cette partie s'ouvre sur un message positif selon lequel, malgré la crise économique, les revenus du football n'ont cessé de progresser – en 2009, les recettes totales des clubs de première division ont augmenté de 4,8 % pour atteindre le montant record de 11,7 milliards d'euros. Toutefois, divers signes de fragilité financière ont également été relevés. La hausse des recettes s'est accompagnée d'une progression plus importante des coûts (+ 9,3 %) qui s'est répercutée de façon sévère sur la rentabilité des clubs. Les pertes nettes totales représentent 1 179 000 000 €, un montant record près de deux fois supérieur aux chiffres de 2008.
Plus de la moitié des clubs d'élite européens ont fait état de pertes. Pour 28% des clubs – un chiffre préoccupant, ces pertes sont significatives et équivalent à une dépense de 12 M€ pour chaque tranche de recettes de 10 M€. Plus d'un auditeur sur huit a exprimé des doutes sur la capacité du club à poursuivre l'exploitation – une conséquence des pertes ainsi que, dans de nombreux cas, du fait que le club s'appuie sur un propriétaire individuel et/ou présente un bilan fragile.
Les rémunérations des joueurs représentent la part la plus significative des coûts qui pèsent sur les clubs de football. Le revenu versé aux employés est passé de 61 à 64 % au cours de la période examinée. L'activité de transferts s'est également ralentie du fait du manque de liquidités, occasionnant des difficultés financières supplémentaires pour les clubs qui comptent sur les recettes des transferts pour améliorer leur résultat net.
Ce dernier facteur a eu un impact négatif sur de nombreux clubs qui sont traditionnellement des exportateurs de talents, comme les clubs français, danois et portugais. Selon des estimations, ce sont 800 M€ d'indemnités de transfert qui ne seront pas versées sur plus de 12 mois. Le rapport indique que les investissements en faveur du football chez les jeunes restent à un niveau bas, les clubs de première division préférant généralement aligner des joueurs expérimentés aux salaires logiquement plus élevés, ou recruter des joueurs formés dans d'autres clubs.
L'affluence moyenne lors des matches est restée plutôt stable ou a reculé dans la majorité des championnats nationaux, ce qui traduit le contexte économique difficile et le manque de nouveaux investissements dans un domaine où seuls 19 % des clubs sont propriétaires de leur stade. Cette situation a un impact direct sur les flux de revenus pouvant être générés par les clubs de football. D'une part, la majorité des clubs manquent de contrôle sur ce qui est potentiellement leur principal actif et ne peuvent l'exploiter que les journées de matches.
Les problèmes financiers évoqués ci-dessus sont communs aux clubs de première division des 53 associations nationales. Le rapport précise par ailleurs que la situation est encore pire dans le bas de la pyramide du football, où le risque d'insolvabilité et de faillite est nettement plus élevé que dans l'élite.
Dans ce contexte, indique le rapport, la mise en œuvre du nouveau Règlement de l'UEFA sur l'octroi de licence aux clubs et le fair-play financier vise à encourager les clubs à mieux gérer leurs finances et à atteindre un équilibre viable entre revenus, dépenses et investissements. Selon le rapport, si ce règlement s'appliquait aujourd'hui, plusieurs clubs seraient en infraction par rapport aux nouvelles règles, notamment celle de l'équilibre financier, qui est la pierre angulaire du concept de fair-play financier. Les clubs doivent s'adapter dès aujourd'hui afin de préparer leur avenir.
Les initiatives financières de l'UEFA sont conçues pour les compétitions européennes. Toutefois, le rapport exprime le souhait que des mesures et des exigences similaires soient introduites au niveau national, en vue de bénéfices sur le long terme.
La mise en application des nouvelles règles exigera une remise en ordre des finances pour bon nombre de clubs, conclut le rapport. Toutefois, l'instance dirigeante du football européen reste convaincue qu'un traitement systématique des problèmes actuels est le seul moyen de garantir l'équité des compétitions ainsi que la discipline et la stabilité financières à long terme.